Avocats aux parcours singuliers - Revoir la dignité
Passionné par des mises en scène de théâtre depuis sa rhétorique, « j’ai tout de suite voulu profiter du décor fascinant que constitue le Palais de justice » dès que Bernard est devenu avocat en 1991. Cette idée ne fut pas évidente à réaliser, tant les résistances étaient grandes auprès des acteurs judiciaires. Ces derniers voyaient ces « saltimbanques » d’un mauvais œil et considéraient que le Palais ne pouvait se prêter à pareil spectacle.
En somme, tout cela n’était pas digne du lieu ou de la profession.
Les projets de Bernard étaient d’autant plus ardus à réaliser qu’il souhaitait associer les différents acteurs du monde judiciaire : magistrat du siège ou du parquet, avocats, greffiers, notaires… avec « une réelle intention de faire (re)dialoguer des personnes qui se parlent trop peu ». Ces dialogues sont d’autant plus salvateurs que, dans le monde du théâtre, « le tutoiement est de droit, ce qui libère les communications ».
A force de persuasion, de nombreux projets ont finalement vu le jour : il y eu tout d’abord des procès historiques tels que ceux de Wilde ou de Mata-Hari dans la salle solennelle de la cour d’appel. Il y eut ensuite des spectacles itinérants au sein du Palais, pour « Le Procès » de Kafka ou « Crime et châtiments » de Dostoïevski. Enfin, performance la plus étonnante : « Antigone » d’Anouilh fut monté sous un chapiteau dressé dans la salle des pas perdus par les circassiens de Bouglione… non sans avoir affronté, une fois de plus, bien des résistances.
Tristement, le Palais de justice s’est refermé ces derniers mois. « La troupe du Palais de Justice » a trouvé refuge au château de la… Solitude.
Depuis trente ans, ces combats ne furent toutefois pas vains : « à présent que des possibilités sont ouvertes et que la dignité de la profession n’y fait plus obstacle, il faut se saisir de la moindre opportunité ».
Dans le même temps, Me MOUFFE, sans grande surprise, s’est spécialisé en droit d’auteur, matière qu’il enseigne également à l’UCLouvain.
Un grand merci à Vincent Defraiteur pour les textes et à Marc Isgour pour les portraits des avocats.