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Lawyers victims assistance - Conférence de presse

Actualité

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, les deux Ordres du barreau de Bruxelles ont organisé une matinée dédiée au projet Lawyers Victims Assistance (LVA). Lancé il y a un an, ce projet vise à offrir aux victimes de violences sexuelles et intrafamiliales un accompagnement juridique adapté, dès leurs premières démarches ou à tout moment de la procédure.

La matinée a débuté par une conférence de presse animée par Marie Dupont, bâtonnière de l’Ordre français, et Barbara Huylebroek, membre du conseil de l’Ordre néerlandais, qui ont rappelé l’origine et les objectifs de cette initiative. Le projet, initialement impulsé par Mes Pierre Monville, Caroline Poiré et Marion de Nanteuil, a été adopté par l’Ordre français en septembre 2022, puis par l’Ordre néerlandais dès octobre 2022. La coordination a ensuite été assurée par Mes Corinne Delgouffre, Barbara Huylebroek et Pascale Poncin.

Pascale Poncin a mis en lumière les trois axes majeurs du projet : la formation spécialisée et pluridisciplinaire de quatre jours, visant à offrir aux avocats une compréhension complète des enjeux liés aux violences intrafamiliales et sexuelles ; la création d’une liste publique des avocats formés ; et la gratuité de la première consultation juridique. Ce dernier volet a été lancé le 13 novembre 2023 pour une période initiale de six mois, avec la participation de 40 avocats. Fort du succès rencontré, un nouveau protocole a été signé le 15 mai 2024, étendant ce dispositif à une période d’un an et incluant les six zones de police de Bruxelles. Les forces de l’ordre ont été sensibilisées pour avertir les victimes de l’existence de ce service dès le dépôt de plainte. 

Les résultats sont déjà prometteurs : plus de 150 avocats ont été formés pour accompagner les victimes, 55 avocats participent aux consultations gratuites et 357 victimes ont déjà bénéficié de ce service.

Lors de la conférence, Geneviève Noirhomme, victime de violences et devenue pair-aidante, a livré un témoignage poignant soulignant l’importance d’un accompagnement dès le début de la procédure. Elle a raconté : “J’ai subi des violences sexuelles dans les années 80. Seule face au juge, avec la honte, la culpabilité et la dissociation traumatique, totalement sidérée. Aucun accompagnement spécifique. Alors qu’il condamne l’auteur à deux ans d’emprisonnement, le juge me posera plus tard cette question : avez-vous vraiment été violée ? (…) En raison de ce que j’ai vécu, je mesure pleinement l’importance pour une victime d’être accueillie correctement et cela aide de pouvoir s’adresser à des personnes qui ont vécu les mêmes situations. Pouvoir bénéficier d’un soutien accessible, d’une écoute empathique et spécialisée est réellement essentiel. Aujourd’hui pair-aidante professionnelle, je m’applique à accompagner mes semblables en souffrance là où j’aurais tant aimé être accompagnée autrefois”.

Claire Cervello, inspectrice principale à la zone de police Bruxelles CAPITALE Ixelles, a également rappelé la gravité de la situation en partageant des chiffres alarmants sur le nombre plaintes liées à ces violences. En 2023, sa zone de police a enregistré 1 846 faits de violences sexuelles, un nombre qui continue d'augmenter chaque année. Parmi ces faits, 38 % concernaient des viols, 19 % des atteintes à l'intégrité sexuelle et 18 % des atteintes à la pudeur. Par ailleurs, 3 260 actes de violences physiques en milieu familial ont été signalés la même année, un chiffre également en hausse constante. Elle a insisté sur la nécessité de cette collaboration étroite entre police et avocats.

Aurélie Dereau, Premier Substitut du procureur du Roi près le Parquet de Bruxelles, a évoqué les progrès réalisés pour informer les victimes de leurs droits, grâce notamment à la loi du 13 juillet 2023 sur la prévention et la lutte contre les féminicides, ainsi que les violences fondées sur le genre. 

Enfin, Jasmine Boumraya, coordinatrice chez equal.brussels, a souligné que la lutte contre les violences faites aux femmes est devenue une priorité pour les pouvoirs publics bruxellois, avec la mise en place du Plan bruxellois de lutte contre ces violences, une action collective qui implique toutes les administrations bruxelloises pour créer un environnement plus sûr et plus inclusif. 

Liesbeth Stevens, directrice adjointe de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, a conclu en rappelant l’importance de l’assistance juridique dans la lutte contre les violences basées sur le genre, et l’engagement de la politique fédérale d’égalité des genres en faveur du projet LVA. Ce soutien est crucial pour garantir une justice véritablement accessible aux victimes, afin qu’elles puissent reconstruire leur vie avec le soutien qu’elles méritent.

La conférence s’est ensuite poursuivie par une réunion informelle avec les avocats formés, suivie d’un déjeuner convivial.