Lawyers Victims Assistance - Conférence de presse
À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, le 24 novembre 2025, le barreau de Bruxelles réaffirme son engagement à travers le projet Lawyers Victims Assistance (LVA). Une conférence de presse a été organisée en présence de Madame la Ministre Annelies Verlinden.
Deux ans après son lancement, ce dispositif s’impose aujourd’hui comme un modèle d’aide juridique spécialisée et espère un ancrage politique durable afin d’être pleinement reconnu et soutenu par les pouvoirs publics.
Des acteurs clés du projet ont pris la parole
Me Frank Judo, bâtonnier de l’Ordre néerlandais du barreau de Bruxelles ; Me Marc Dal vice-bâtonnier de l’Ordre français du barreau de Bruxelles ; Me Pascale Poncin, avocate et représentante du projet LVA au sein du barreau de Bruxelles ; Me Natascha Bielen, bâtonnière du barreau du Limbourg ; Me Kathleen Colin, membre de la Commission "LVA - AaVeC" (avocats pour l'aide aux victimes de Charleroi) du barreau de Charleroi ; M. Rudy Vlasselaer, Inspecteur de police à la ZPZ Montgomery et Officier de police judiciaire - Auxiliaire du Procureur du Roi ; Dr Charlotte Rousseau, cheffe de clinique adjointe au CHU Saint-Pierre, et Mme Charlyne Lietard, infirmière coordinatrice du CPVS de Bruxelles ; Mme Gwendoline Faravel, pair-aidante de l’association Brise le silence.
Des chiffres qui font froid dans le dos
En Belgique, 42 % des femmes ont déjà subi une forme de violence sexuelle avec contact physique.
Selon les chiffres de la police fédérale, le nombre de faits concrets de mœurs par an dans l’arrondissement de Bruxelles est passé de 1.846 en 2023 à 2.174 en 2024. Cette tendance ne faiblit pas : entre janvier et juin 2025, 1.048 faits ont déjà été recensés. Parmi les infractions de mœurs enregistrées sur la période 2024–mi-2025 : 35 % concernent des viols et 34 % des atteintes à l’intégrité sexuelle.
Ces chiffres révèlent une réalité structurelle qui persiste. La peur du jugement, la honte, ou encore la complexité des démarches judiciaires contribuent à un sentiment d’impunité. Il reste beaucoup à faire pour améliorer la prise en charge de ces victimes et l’accès à la justice.
Le projet LVA permet aux victimes de violences sexuelles et intrafamiliales d’être accompagnées dès les premières démarches par un avocat spécialement formé.
Un dispositif global d’accompagnement qui gagne en visibilité
Le projet LVA s’articule autour de trois piliers :
- La formation spécialisée des avocats, subsidiée par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes ;
- Une liste publique des avocats formés, régulièrement mise à jour ;
- Des consultations juridiques gratuites, financées par la Secrétaire d’État Nawal Ben Hamou via equal.brussels.
Les victimes de violences sexuelles ou familiales peuvent solliciter une consultation, par mail (à LVA@barreaudebruxelles.be ou LVA@baliebrussel.be) ou téléphone (0478 11 54 88) et un avocat les contacte dans les 48 heures pour un rendez-vous dans son cabinet sous huit jours.
Entre novembre 2024 et novembre 2025, le dispositif a connu une forte progression :
- 315 avocats sont désormais formés, contre 150 un an plus tôt ;
- Plus de 60 avocats offrent actuellement des consultations juridiques gratuites, contre 50 en 2024 ;
- Au 28 octobre 2025, 841 victimes ont déjà pu bénéficier de cette aide, soit plus du double de l’année précédente (303) ;
- En moyenne, 20 appels sont reçus chaque semaine, contre moins de dix l’année dernière.
« Ce constat est encourageant, il montre que le projet trouve sa place et répond à un besoin réel, mais il met aussi en lumière une triste réalité… Si de plus en plus de victimes y font appel, c’est que les violences restent malheureusement omniprésentes », commente Pascale Poncin, avocate au barreau de Bruxelles et coordinatrice du projet.
Le dispositif bénéficie par ailleurs d’une visibilité croissante. Il est certes relayé par la police, mais aussi par des acteurs hospitaliers, comme le CHU Saint-Pierre, qui orientent les patients vers les avocats formés.
Dans cet hôpital, le projet est très bien accueilli dans le cadre des suivis des victimes, qui ne savent pas toujours vers qui se tourner. « Cela nous permet d’offrir un service complémentaire aux victimes qui viennent nous consulter et cela nous rassure de travailler avec des avocats formés. C’est vraiment important car il faut absolument éviter la victimisation secondaire qui peut être plus traumatisante que l’agression de base », témoigne le Docteur Charlotte Rousseau, Cheffe de clinique adjointe au CHU Saint-Pierre.
Un projet qui s’étend à d’autres barreaux
Fort de son succès à Bruxelles, le projet LVA s’élargit désormais à d’autres barreaux, notamment à ceux de Charleroi et du Limbourg.
À Charleroi, une commission dédiée de sept membres a été reconnue par le conseil de l’Ordre le 14 février 2025. Une formation intensive de quatre jours, très demandée, a déjà permis d’accueillir 54 avocats pour les former à l’accueil et à l’accompagnement des victimes de violences. « Nous avions limité la formation à 30 places et avons dû l’ouvrir à davantage de confrères vu son succès. À l’avenir, nous souhaitons également l’étendre aux barreaux de Mons et de Tournai, qui ont manifesté leur intérêt pour suivre cette formation », explique Kathleen Colin, membre de la commission LVA - AaVeC et avocate au barreau de Charleroi.
Du côté du Limbourg, le projet se met également progressivement en place. Le barreau du Limbourg travaille actuellement avec un centre hospitalier spécialisé offrant un soutien aux victimes de violences sexuelles 24h/24 et 7j/7, het Zorgcentrum Seksueel Geweld, avec l’ambition de renforcer davantage l’assistance proposée.
Cette expansion marque une dynamique inter-barreaux, en faveur d’une prise en charge plus cohérente et accessible des victimes sur tout le territoire.
Et demain ?
La lutte contre les violences sexuelles figure désormais parmi les priorités nationales du nouvel accord de coalition fédérale 2025–2029. Cet engagement politique renforce la mission du barreau de Bruxelles et de ses partenaires. Toutefois, pour poursuivre ce projet, un financement structurel est plus que nécessaire.
« Nous avons prouvé que le modèle fonctionne. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est un engagement politique clair pour assurer sa pérennité », souligne Frank Judo, bâtonnier du barreau de Bruxelles.
L’objectif à terme est de permettre que chaque victime de violence sexuelle ou intrafamiliale, où qu’elle se trouve en Belgique, puisse accéder rapidement et gratuitement à un avocat formé, capable de l’écouter, de la conseiller et de la défendre. Grâce à l’appui de la ministre de la Justice, Annelies Verlinden, le barreau espère désormais franchir cette nouvelle étape.
Madame la ministre souligne à cet égard : « Le projet Lawyers Victims Assistance soutient les victimes dès les premiers moments, grâce à des avocats formés qui collaborent avec la police, le parquet et les services d’accompagnement. Les victimes sont ainsi soutenues et guidées à travers cette procédure judiciaire complexe. La Justice place les victimes de violences liées au genre au centre de ses priorités, en renforçant l’enregistrement des données sur les féminicides, les centres de prise en charge après violences sexuelles et en proposant une protection accrue, notamment via l’alarme anti-harcèlement. Mais afin d’offrir une véritable sécurité, il faut aussi investir. C’est pourquoi je demande, au sein du gouvernement, les moyens nécessaires pour une justice proche des citoyens, qui aide rapidement et ne laisse personne attendre pour être protégé. »
Les retombées presse
- 21news : À Bruxelles, 841 victimes de violence intrafamiliale ou sexuelle ont été accompagnées par un avocat formé
- BX1 : Violences faites aux femmes : à Bruxelles, les chiffres s’alourdissent
- BruxellesToday : Plus de 800 victimes accompagnées en un an : le barreau de Bruxelles réclame un financement durable contre les violences sexuelles faites aux femmes
- Brusselstimes : Brussels lawyers helped 841 victims of domestic/sexual violence in a year
- Bruzz : Brusselse advocaten hielpen 841 slachtoffers van intrafamiliaal of seksueel geweld
- La Libre : Violences genrées - Entre 150 et 225 faits de mœurs commis chaque mois à Bruxelles
- DH net : Violences genrées - Entre 150 et 225 faits de mœurs commis chaque mois à Bruxelles
- Sudinfo : Les infractions à caractère sexuel explosent à Bruxelles : « J’aurais jamais cru qu’il était possible de pousser la porte d’un commissariat pour porter plainte »