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Retour sur la deuxième édition du colloque « L’accès aux droits : tous concernés »

Actualité

La deuxième édition du colloque, intitulée cette année « L’accès aux droits : tous concernés », s’est tenue mardi 19 novembre dans la salle gothique de l’Hôtel de Ville de Bruxelles, de 12h30 à 17h15. Cet événement, coorganisé par le barreau de Bruxelles et la Ville de Bruxelles, avait pour ambition de renforcer les liens entre les acteurs du monde associatif et juridique bruxellois. En plaçant au centre des discussions les relations interdisciplinaires, le travail en réseau et l’activation des compétences, l’objectif était clair : garantir un meilleur accès à la justice pour tous.

La bâtonnière de notre Ordre, Marie Dupont, et le président du CPAS de Bruxelles, Khalid Zian, ont ouvert le colloque. Tous deux ont souligné l’importance des partenariats transversaux, du travail en réseau et de la complémentarité des compétences pour relever les défis d’un accès inclusif aux droits.

Quatre ateliers thématiques pour aborder des enjeux de taille

L’après-midi s’est articulée autour de quatre ateliers, réunissant des intervenants issus des associations de terrain, des institutions bruxelloises, du barreau et de la magistrature :

Caroline Poiré, avocate au barreau de Bruxelles et Étienne Davio, juge correctionnel près du tribunal de première instance de Charleroi, ont animé un premier atelier consacré aux violences conjugales et de genre. Ils y ont partagé leurs expériences, chacun étant au cœur d’un projet pilote. En effet, Monsieur Davio siège au sein d’une chambre correctionnelle qui traite les auteurs de violences familiales en leur proposant des mesures alternatives aux peines classiques et Me Caroline Poiré est à l’origine du dispositif Lawyers Victims Assistance (LVA), qui vise à améliorer l’accompagnement des victimes de violences sexuelles et intrafamiliales en leur offrant la possibilité d’obtenir, si elles le souhaitent, des conseils d’un avocat dès leurs premières démarches ou à tout moment au cours de la procédure judiciaire.

Le deuxième atelier, dédié à la santé mentale des jeunes, a été mené par Martin Aubry, avocat au barreau de Bruxelles, et Carine De Buck, pédopsychiatre au sein du réseau Bru-Stars. Ensemble, ils ont exploré les enjeux liés à la prise en charge des jeunes souffrant de troubles mentaux, tout en mettant en lumière les solutions existantes pour mieux les accompagner.

Cécile Ghymers, avocate au barreau de Bruxelles, et Abdel Kassid, intervenant sociojuridique au Service Droit des Jeunes, ont abordé, dans un troisième atelier, la situation des mineurs étrangers non accompagnés (MENA) et des familles en séjour illégal. Ils ont partagé leurs constats et proposé des pistes d’action pour répondre aux défis spécifiques rencontrés par ces publics vulnérables.

Enfin, un quatrième atelier, animé par Brice Hennen, avocat au barreau de Bruxelles et membre du projet Propulse, et Catherine Kinet, directrice de la Cité des Métiers, a traité de l’accès à la formation et à l’emploi pour les jeunes à Bruxelles. Les intervenants ont présenté des initiatives concrètes pour favoriser l’insertion professionnelle et renforcer les perspectives d’avenir des jeunes en difficulté. 

Un moment d’échanges et de réflexion collective

L’après-midi s’est clôturée par une mise en commun des sujets abordés lors des différents ateliers.

Le premier atelier a mis en lumière la nécessité de prendre le temps, d’accorder une place plus importante aux victimes, d’être à leur écoute dès le début mais aussi l’importance de leur apporter une réponse pénale rapide. Le temps des victimes n’est souvent pas calqué sur le temps judiciaire. Il est dès lors crucial de pouvoir mieux accompagner et guider ces victimes pour leur permettre de se reconstruire.

Le deuxième atelier a mis en exergue le manque de place criant dans les services de soins en santé mentale et la difficulté de trouver des soutions pour ces personnes dites « incasables » souvent à la croisée de plusieurs problématiques . La notion même de « santé mentale » a pu être questionnée.

Le troisième atelier s’est attelé à redéfinir le cadre légal des MENA, mineurs étrangers non accompagnés, mais aussi à expliquer les avantages que ce statut permet d’obtenir.  Il ne s’agit pas de les confondre avec les personnes sans papiers pour lesquelles l’accès aux droits est également particulièrement compliqué. Au-delà des choix politiques sur lesquels nous n’avons que très peu de pouvoir, il convient de continuer à lutter pour améliorer la qualité des vie de ces personnes particulièrement vulnérables.

Enfin, le quatrième atelier a pointé l’importance de l’accès à l’information pour tous ces jeunes perdus, sans perspective, qui ignorent souvent à quelle porte frapper. Comment accrocher ces jeunes, les maintenir acteurs et leur permettre de trouver une place dans la société sans qu’ils disparaissent sous les radars ? Beaucoup d’initiatives et de projets voient le jour pour leur venir en aide et ont pu être exposés lors de l’atelier.

Cet après-midi fut riche en discussions et questionnements. Qu’ils soient victimes de violences intrafamiliales, en souffrance mentale, reconnus MENA ou sans papiers et/ou en perte de repères, sans perspectives professionnelles, tous ces citoyens et citoyennes méritent qu’on leur accorde notre attention et qu’on réfléchisse ensemble à des solutions durables.

Finalement, acteurs du monde associatif ou avocats, nous œuvrons tous dans un but commun : améliorer l’accès aux droits en accompagnant du mieux possible les plus démunis.

Ce colloque a encore une fois mis en lumière la nécessité du travail en réseaux et des collaborations nécessaires pour garantir plus efficacement l’accès aux droits.

Même si les constats sont parfois pessimistes, tous se sont accordés à dire que chaque impulsion, chaque nouveau projet, chaque nouvelle collaboration permet de garder espoir et d’œuvrer jour après jour à un meilleur Etat citoyen.