Editorial - 9 mai 2025
Actualité
Chères consœurs,
Chers confrères,
Disons-le clairement : c’est le foutoir !
Agissant en ordre dispersé, certains magistrats prennent des initiatives qui se révèlent, qu’ils le veuillent ou non, hautement préjudiciables aux citoyens. Nous ne pouvons l’admettre.
Il n’existe pas d’Etat de droit sans pouvoir judiciaire solide et indépendant.
C’est pourquoi les préoccupations de la magistrature sont aussi les nôtres lorsqu’il s’agit d’assurer à la Justice les moyens nécessaires à son bon fonctionnement.
Porter atteinte de manière disproportionnée au montant de la pension des magistrats, sans tenir compte des spécificités de leur carrière et de leur statut, est une atteinte intolérable à leur indépendance et à l’Etat de droit.
Il faut également investir dans les infrastructures de la justice et améliorer les conditions de travail de magistrats et du personnel judiciaire ; tout comme il est indispensable de payer en temps et en heures les avocats de l’aide juridique, les experts et les traducteurs, et arrêter de compter sur le volontariat des avocats et des autres acteurs de justice pour maintenir le système sous perfusion.
Le barreau s’est toujours battu pour que l’État investisse dans la justice.
Mais jamais ce combat n’a été mené au détriment des justiciables.
Or cette semaine, ni ceux-ci, ni leurs avocats n’ont été respectés.
Certains tribunaux ou parquets ont décidé de mener des actions symboliques et concertées afin de manifester leur inquiétude, voire leur indignation, face à la manière dont la justice belge est traitée.
Ces initiatives, nous les comprenons et les soutenons.
D’autres par contre, ont exprimé leur ras-le-bol d’une manière inacceptable.
Refuser de signer des jugements en matière familiale tant que la réforme des pensions n’est pas retirée ; laisser des avocats préparer leur dossier et se rendre à l’audience, dans leur arrondissement ou un autre, pour leur annoncer ensuite que les plaidoiries sont remises ; décider que des dossiers vont être reportés sine die tout en imposant aux parties et à leurs avocats de se rendre à l’audience … parfois en les faisant attendre deux heures avant d’acter cette remise imposée, ne sont que quelques exemples de ce qui s’est passé cette semaine.
Nous pouvons expliquer à nos clients les difficultés du monde judiciaire et la légitimité des initiatives des magistrats si celles-ci sont organisées, mesurées et concertées avec le barreau. Il est beaucoup plus difficile de le faire dans le grand désordre que nous vivons actuellement.
La solidarité passe par la concertation, le respect mutuel et la détermination d’objectifs communs, mais en aucun cas par la politique du fait accompli.
L’appel à la concertation que le bâtonnier de l’Ordre néerlandais et moi avons lancé auprès des chefs de corps bruxellois ce 6 mai, n’a pas encore obtenu de réponse, à l’exception du procureur de Halle-Vilvoorde. Espérons que les autres suivront.
Votre bien dévouée,
Marie Dupont,
bâtonnière