Peintre de déchetteries

« Je ne suis jamais vraiment sorti de la salle du Moma dédiée à Rothko, que j’ai pourtant découverte en 1986 ». Ce jour-là, François est bouleversé par la puissance des grandes toiles du maitre américain. Ce même jour, il comprend qu’il devra peindre, « peindre de la couleur et des tableaux de très grands formats ».
La décision n’est finalement prise qu’en 2011, quand François s’inscrit à l’académie des Beaux-arts de Boisfort où il s’évade avec ses condisciples et son frère Frédéric. Suivre ces cours n’était pas sans risques, mais le risque en valait la peine. Rothko n’affirmait-il pas que « l’art est une aventure dans un monde inconnu que seuls ceux qui veulent prendre des risques peuvent explorer » ?
Le parcours artistique de François est aussi un bel hommage à sa mère, professeure à l’académie des beaux-arts : « Ma mère a semé chez ses quatre enfants la petite graine de l’art ».
Peindre, pour François, permet de s’évader de la pression des dossiers. Il existe tout de même un lien entre les deux activités. « Ces deux activités sont cadrées : la loi, un cadre immatériel, et le tableau, cadre matériel. Mais la peinture permet de sortir du cadre et d’atteindre une autre dimension ».
François ajoute : « Les avocats et les artistes ont un point commun : ils sont formés à l’imprévu, ils savent gérer l’imprévisible. Ce n’est pas pour rien qu’ils étaient nombreux dans les services secrets britanniques durant la seconde guerre mondiale ».
Me MASQUILIN est toutefois modeste quant à ses talents. Alors qu’il se débarrassait de certaines toiles à la déchetterie communale, il fut interpellé par une inconnue qui souhaitait en conserver une pour son plaisir personnel. S’en est suivi une discussion sur l’art « dans un lieu improbable, interrompus par le bruit assourdissant du compresseur des produits plastiques et le fracas des bouteilles explosant dans les bulles à verre ».
Désormais, il existe trois catégories de peintres : « les peintres des musées, les peintres des galeries et les peintres des déchetteries ».
Un grand merci à Vincent Defraiteur pour les textes et à Marc Isgour pour les portraits des avocats.